Montamat

Ce village perché (280 mètres) offre un magnifique point de vue sur la chaîne des Pyrénées et la vallée de l’Esquinson (du nom de la rivière qui traverse la commune). Montamat est surtout connu des randonneurs. « Un circuit de 17 km tracé en 1988 à la demande du Conseil général avec une halle, point d’eau et tables de pique-nique », précise le maire, Sylvain Lauzes. Ce PR26 labellisé, baptisé « Coteaux et vallées de l’Esquinson », sera inauguré le 1er octobre, « le jour de la fête locale où nous organisons une randonnée tous les ans ».

D’autres personnes connaissent bien Montamat également : les agriculteurs. La commune dénombre « trois élevages de bovins » et des exploitants céréaliers, mais la profession vient avant tout dans le centre bourg pour faire réparer ses engins chez Jean-Christophe Claria. « Mon père a fondé ce garage en 1968 en commençant dans la forge. On fait tout ce qui est outillage agricole, et de la vente. Ah, s’il n’y avait pas ce garage, je pense que cela serait beaucoup plus calme ! De temps en temps, on fait du bruit », », précise l’intéressé.

Bon vivre

« Nous sommes venus ici pour des rapprochements familiaux, mais aussi pour la tranquillité et le bon vivre. » Installé depuis un an, Bertrand Lafleur ne tarit pas d’éloges sur le village et ses habitants : « les gens sont courageux, sympathiques et très accueillants. » Ce retraité et les « jeunes couples qui travaillent sur Toulouse et les environs », ajoute Sylvain Lauzes, contribuent au renouveau démographique : 87 habitants en 1990, 132 aujourd’hui.

Mais l’arrivée de nouveaux habitants ne rime pas avec dynamique associative. « Dommage qu’ils ne s’intègrent pas », déplore Marcelle Darnaud, la femme d’André, une figure locale (lire portrait sur le site). « C’est difficile de mobiliser les gens, reconnaît Francis Castello, un membre du Comité des fêtes. Mais il faut bien s’investir pour faire tenir le village en vie. »

On l’aura vite compris, les fêtes d’antan rassemblaient plus de monde. Mais Sylvain Lauzes ne baisse pas les bras : « Nous avons tout de même deux fêtes annuelles, dont celle de l’été en juillet, et un voyage en car qui existe depuis plus de 20 ans où les participants ne sont pas tous des Montamatais. »

Cadre de vie

L’embellissement de la commune concoure aussi à cette sensation de « bon vivre ». Propriétaire de trois chambres d’hôtes depuis 1993, Monique Jonckeau a participé dans les années 1970/80 à un « groupe de femmes chargé de redynamiser le village ». Désireuses de préserver leur cadre de vie, elles se mobilisaient pour faire en sorte que « les sacs d’engrais des agriculteurs ne traînassent plus dans les champs ».

Aujourd’hui, cette retraitée est répondante paroissiale de l’église dédiée à Saint-Jean-Baptiste. « Sa particularité, c’est que l’une des deux chapelles possède des fonts baptismaux qui sont en marbres roses, probablement de Saint-Béat en Haute-Garonne, et qui sont relativement rares dans de si petites églises. » 

Une rareté que les randonneurs du 1er octobre pourront toujours demander à voir, en plus de la vue sur les Pyrénées…

Reportage sonore

André Darnaud - Montamat

André Darnaud, doyen taiseux

Il reçoit dans sa salle à manger/salon. Les mains croisées sur la table, il attend le signal. Celui qu’on lance pour l’inviter à dialoguer. Mais il demeure sur la réserve… Le maire nous avait pourtant déclaré : « Pour la mémoire du village, allez voir André Darnaud. Lui, il aura des choses à vous raconter. »

À 85 ans bien « sonnés », on attend « du doyen masculin de la commune » le récit de Montamat la rurale. Certes, nous apprenons pêle-mêle que « depuis 1926, il n’y a plus de curé », que l’école a fermé en 1983 – « le destin de toutes les petites communes » – qu’un artisan du bois s’est transformé en cafetier, que les épiciers et les boulangers faisaient la tournée et que des vingt-cinq exploitations agricoles des années 1960, ils n’en restent plus que trois.

Fiers

Mais l’homme dans tout cela ? « Je suis né dans cette maison, où l’on y vit depuis cinq, six générations, et j’ai pris la suite de la ferme de mes parents jusqu’en 2003. » À présent, c’est le petit-fils qui laboure avec un tracteur dernier cri. « Moi, j’ai labouré durant dix ans avec les bœufs… J’ai eu mon premier tracteur à 25 ans. Nous étions fiers. Pourtant, il était petit. »

Autre souvenir de jeunesse : les Allemands. « Ils ont fouillé la maison en juin 1944. Moi, je gardais les vaches à ce moment-là. » Impression ? « Une époque bien triste », concède-t-il. Le passé est le passé. Comme ses années d’élus… « Dix-huit ans comme conseiller municipal. C’est bien, cela me suffit. » Nous apprenons au passage que son père fut maire durant quarante ans et fit deux mandats comme conseiller général.

Retour au village pour conclure. « L’avenir ? Je ne sais pas quoi vous dire. Que tout se passe bien. L’ancien maire, Jean Tajan, disait qu’il « faisait bon vivre à Montamat ». Peut-être avait-il raison… »

Nous en resterons là. « Il n’est pas très bavard, nous glisse amusée son épouse, Marcelle. Son frère en aurait raconté quatre fois plus ! »