Cazaux-Savès

Cette « très petite commune », dixit le maire, Jean-Claude Tournan, de 540 hectares est traversée par deux départementales (39 et 160). Entre 1999 et le recensement de 2012, Cazaux a gagné 162 habitants pour compter aujourd’hui 300 âmes. Ville jeune au demeurant : « Entre 120 et 130 habitants ont moins de 18 ans. » Inutile de chercher bien loin l’explication de cette poussée démographique tellement l’agglomération toulousaine étend ses tentacules.

Paradoxalement, cette jeunesse est peu présente dans la vie du village. Plus d’école depuis 2010, ni de local jeunes. « Mais on y trouve un Accueil de loisirs associé à l’école (ALAE) et un Accueil de loisirs sans hébergement (ALSH). » « Et cela grâce à la mobilisation des parents qui étaient très remontés après la fermeture de l’école », précise Flore Leclercq-Veaux, secrétaire des Bons p’tits loups, l’association qui assure l’ALSH sur la commune.

Légende vivante

Un événement fâcheux qui n’a pas empêché Cazaux de s’offrir en 2013 un coup de lifting : un centre bourg refait à neuf et « entièrement accessible aux personnes en situation de handicap ». Mais, hormis le garagiste et le cabinet d’infirmiers, point de café et autre commerce de proximité à l’horizon. « C’est un village mort. Y a que des vieux », prétend même Pascale Huc.

Ici, on sourit avec tendresse devant le constat abrupt dressé par l’ancienne épicière. En janvier 2013, la « dépanneuse », comme elle se surnommait dans un reportage télé, tirait définitivement le rideau de sa boutique fondée par son père, en 1860, après 94 années de bons et loyaux services ! (Lire son portrait sur le site).

Cette légende vivante a même connu le moulin à eaux en activité. « Outre la farine, on y a longtemps produit de l’électricité pour le village », précise Jean-Claude Tournan. Aujourd’hui, son propriétaire, installé depuis 1976, élève des chèvres et des brebis « le plus naturellement possible ». Dominique Leclercq et sa femme fabriquent du fromage bio qu’ils vendent sur les marchés environnants.

Reine

L’église du XVIIIème aussi a subi des travaux en 1902 et 2010. La dernière rénovation concernait la façade, le porche et les plafonds intérieurs. Dans l’avenir, on envisage de transformer le presbytère : bureaux associatifs, salle de réunion, wc public et transfert de l’ALAE (actuellement hébergé dans la salle des fêtes, ndlr). « Et peut-être la mairie, car elle y était auparavant. »

Mais la fierté du bourg se situe au pied de la départementale 39 : le château de Caumont. Celui-ci reçut la visite de la reine mère d’Angleterre, en 1989.

Première partie du reportage sonore sur Cazaux-Savès

Deuxième partie du reportage sonore

Repère

300 habitants
540 ha.
Mairie de Cazaux-Savès
32130
05 62 07 94 25
[email protected]
Maire : Jean-Claude Tournan

Pascale Huc, une vie d’épicière

Pascale Huc

Aujourd’hui, on pénètre chez elle comme autrefois. À l’époque où sa demeure dans la rue principale de Cazaux-Savès était l’épicerie du village. Le comptoir sur la gauche a bel et bien disparu et le local s’est mû en salon.

Dans sa cuisine, Pascale Huc nous reçoit. De sa petite voix douce, elle évoque ses 74 ans d’activités d’épicière. « Mon père l’avait fondée en 1860. » Pouvait-il imaginer un instant que sa fille n’allait jamais décoller du local ?

Tout a déjà été écrit et filmé sur cette légende. Qu’elle se surnommait « la dépanneuse », que son commerce participait « à l’animation du village » et qu’elle a vu passer des générations de clients. Et que ces derniers la regrettent. « Ils m’en parlent encore… »

Mais, dorénavant, c’est son regard de « retraité » qui nous intéresse. « Maintenant, c’est un village mort. Y a qu’des vieux ! » On sourit. Jean-Claude Tournan, le maire s’empresse de corriger : « Dans le village même, effectivement. » « Et, il manque quelque chose dans l’église : le chauffage », ajoute-t-elle les yeux pleins de malice.

Cependant, on en revient toujours au passé. Dans cette caverne d’Ali Baba, on trouvait presque tout. « Un jour, mon père lui avait demandé des pointes de 70, précise Jean-Claude Tournan. Il en voulait 80 kilos. Il ne les avait pas trouvées à l’époque, mais, madame Huc, les avait ! » Forcément, les voleurs ont senti la bonne affaire… Mais ces péripéties ne l’ont jamais découragée.

Elle évoque les tournées de livraison à cheval et à vélo. Ses propos sont bourrés d’anecdotes : « À la réquisition (comprendre l’occupation lors du dernier conflit mondial, ndla), ils m’ont pris le mari, le cheval et le fourgon. On m’a laissé le vélo et la brouette. » Et son permis de conduire, elle prétend l’avoir obtenu grâce à « un fou rire ».

A 96 ans, l’envie de travailler la démange toujours. « Cela me manque de voir des gens. » Notre visite dans sa maison-boutique ne pouvait que la satisfaire…