La plateforme de matériaux interroge

Savès

« La transition énergétique ne pourra se faire qu’avec une forte acceptation locale et un ancrage dans les territoires. »[1] Catherine MacGregor, la directrice générale d’Engie, ne croyait pas si bien dire à l’aune du projet « Place des matériaux », du nom de la plateforme des matériaux prévu dans la zone d’activités de la Pouche, à Lombez. Car, si ce projet s’avère innovant et se veut vertueux, il n’en suscite pas moins des interrogations.

Des craintes même. Elles se sont exprimées mercredi 20 septembre lors d’une réunion entre Valdège, l’entreprise porteuse du projet, et d’autres professionnels de la zone d’activités. Même si d’aucuns émettent des doutes sur le Business plan (on ne voit pas en quoi cela les concerne, ndlr), ce sont surtout les éventuelles « nuisances » dues aux « flux de camions et le bruit ».

David Robert, le gérant de Valdège, en convient : il « n’a pas de recul » sur le nombre de passage des camions, mais il assure – photos à l’appui – que ceux-ci sont des « utilitaires » et non des poids-lourds.

Son projet, « soutenu par la Région », s’inscrit pleinement dans la vision de l’économie circulaire porté par les gouvernants. Il s’agit de stocker dans un bâtiment de 700 m2 des matériaux de chantier non utilisés, des matériaux issus de la déconstruction et des produits invendus pour ensuite les revendre. À cela s’ajoute la récupération pour compactage de bois, carton et plastique.

« Ce bâtiment de stockage se fera grâce au réemploi de matériaux et sans artificialisation du sol », assure-t-il. « C’est aussi un projet participatif », ajoute Julien Milanesi, maître de conférences en économie, enthousiaste à l’idée d’aider à l’implantation « d’activités innovantes sur le territoire ». Les deux hommes insistent fortement sur « la déconstruction et la revalorisation qui vont devenir la norme. »

« L’appréhension n’est pas sur le fond mais sur la forme », résume le président de la Communauté de communes, Hervé Lefebvre. Tout en pointant un risque : « La raréfaction du foncier risque de freiner votre développement. » David Robert et Julien Milanesi ne le nient pas. « Si demain nous avons des opportunités, on s’en saisira. Mais faute de place ailleurs, nous nous sommes repliés dans la zone. » La confirmation d’une volonté de faire du Savès « une terre, un avenir »…

[1] Le Figaro économie du 18 septembre 2023