Bézéril

Sur la départementale 4 qui traverse ce village, il n’est pas rare de croiser des poids-lourds aux plaques étrangères. D’aucuns même se perdent et leurs chauffeurs descendent illico presto de leur véhicule pour demander expressément leur chemin à l’automobiliste de passage. « Ah Nataïs ! Continuez tout droit et, sur votre droite, vous verrez c’est indiqué. »

Rapportée, l’anecdote fait sourire Christian Daignan. Le premier édile mesure toute l’importance d’héberger sur son territoire « la capitale du pop-corn en Europe », comme le clame le PDG de la firme, Michaël Ehmann. Une telle entreprise, créée ici-même en 1994, méritait « une autoroute », plaisante le maire, pour souligner l’investissement de la Communauté de communes et la participation de la commune dans la toute nouvelle desserte du site.

Nataïs, c’est un peu un village dans le village. « Nous doublons notre population tous les jours », blague Christian Daignan: 130 salariés face à 127 habitants recensés depuis peu. « Une croissance de plus de 25 % en 15 ans avec l’arrivée de jeunes couples. Une grande majorité d’entre eux travaille chez l’avionneur bien connu dans la région… »

Heureux

L’autre fierté de Bézéril saute aux yeux dès que l’on pénètre dans le bourg : le château. Propriété du retraité agricole André Cassagne, cet édifice en brique toulousaine a été bâti et valorisé entre le XVIème et le XVIIIème siècle. « Mon grand-père l’avait acheté en 1954. Il venait de Gaujac et cherchait des terres. Mais dans le lot, il y avait le château ! », précise sa petite-fille Christine.

Son fils Christophe, l’un des cinq agriculteurs encore référencés dans la commune, a repris l’exploitation en 1996. Quant à André, il y coule des jours paisibles au rez-de-chaussée, l’unique partie habitable. Un roturier en somme… L’intéressé s’en défend et en plaisante : « Je me fais charrier de temps en temps. On me dit « bonjour Monsieur le châtelain ! »

Son épouse veille quant à elle à l’église Saint-Jacques en compagnie d’Yvette. Au milieu du XVIIIème, l’édifice sera « transporté » d’une colline située près de l’actuel cimetière pour atterrir 500 m plus bas près du château. « Son petit format fait qu’on s’y trouve presque en famille », précise Marie-Thérèse Cassagne. Et elle a sa représentation du saint patron. « Ce buste, c’est plutôt un corsaire », rigole le maire, en regard de celle « entière » de Garravet.

Humanité

« J’ai repris le Comité des fêtes depuis deux ans pour que ce petit village ne meure pas. Pour moi, c’est un devoir. » Avec une bande de copains trentenaires, Philippe Laïrle propose trois rendez-vous : Saint-Patrick, la Colombelle et la traditionnelle fête du village en juin. « Et nous avons une société de chasse très ancienne qui regroupe aussi les communes de Saint-André et de Lahas », ajoute Christian Daignan.

Les projets futurs ? « Nous allons rénover notre salle des fêtes en 2017 et aménager le cimetière afin de lui donner un peu plus d’humanité (sic !). » D’ici-là, les camions continueront de traverser la commune. En s’égarant parfois…

Reportage sonore