Saint-Soulan

« On vient à Saint-Soulan un peu par hasard, parce qu’on n’est pas sur les grandes routes », affirme d’emblée le premier édile, Jacques Alfenore. Pourtant… Un « Irlandais de Londres », comme il se présente, y a posé ses valises, voilà un an. Turlough Martin (lire son portrait sur le site) a acquis le château de Combis (XVIIème siècle), situé à quelques encablures de l’entrée du bourg.

« C’est une grande fierté pour moi de l’avoir acheté ! » Qu’un sujet de Queen Elisabeth s’amourache de la pierre gersoise n’est pas un scoop en soi. La différence ? À peine installé, que déjà cet « apprenti gersois » ouvre les portes de sa demeure à l’ensemble de la population.

Peut-être accueillera-t-il des motards empruntant les chemins de traverse ? Il n’est pas rare en effet que ces derniers stationnent face à la mairie pour profiter de « la vue la plus magnifique de Saint-Soulan » offerte depuis l’esplanade-aire de loisirs. Avec ou sans Pyrénées, le point de vue vaut le détour.

Faute de café et autres commerces, on passe vite son chemin. Pourtant… Allez jeter un œil dans l’ancien garage de Pierre Saubiac. Aux milieux des effluves et des outils, ce « fou » de mécanique vous contera comment il a longtemps préparé des monoplaces autocross pour des courses d’enfer sur « des circuits en terre battue ». À présent, il retape pour son plaisir.

Mystère

Comme chaque village, Saint-Soulan recèle son anecdote devenue par la transmission de la mémoire un mystère : personne ne retrouve la date de l’effondrement du clocher mur de l’église ! On s’accorde à penser que « c’était après la première guerre mondiale, probablement dans les années 1920 », assure Jacques Alfenore. « Un pilier a lâché le jour de la messe de Noël. Les gens étaient sortis fort heureusement », se remémore Gérard Sansas.

Pourquoi n’a-t-il pas été reconstruit ? « Parce que la commune n’a sans doute jamais eu les moyens », précise l’ancien maire. Mais l’absence de clocher ne signifie pas absence de cloches ! Sous le porche de l’église, le carillonneur Attilio Marangon tire toujours les trois cordes.

Dynamisme

« Très tourné vers l’élevage », dixit Jacques Alfenore, le village comprend trois éleveurs et légèrement plus d’agriculteurs. Il existe bien un menuisier « compagnon du Tour de France », mais celui-ci exerce à Samatan.

Le dynamisme se fait jour lors des manifestations organisées par le tout récent Comité des fêtes : fête locale, vide-grenier et marché de Noël. « Je voulais énormément m’investir dans ce village pour le faire bouger un peu », affirme sa toute jeune présidente, Amandine Fontes.

Cette native du village, revenue « voilà quatre ans », sourit lorsqu’on lui demande ce qui a changé entre son enfance et aujourd’hui. « Rien. Le paysage est toujours le même et les gens sont toujours aussi chaleureux. »

Pour conserver ce climat apaisant et ne pas « devenir une cité dortoir », le maire espère attirer « de jeunes agriculteurs ». Reste à savoir si ces derniers et les néo-ruraux débouleront par hasard à Saint-Soulan…

Première partie du reportage sonore sur Saint-Soulan

Deuxième partie du reportage sonore

Repères :

Superficie : 1231 ha
Population : 152 hab.
Mairie Au Village 32220 Saint-Soulan
[email protected]

Maire : Jacques Alfenore

Saint-Soulan Turlough Martin
Copyright : Steve Davey

Turlough Martin, « Comte de roast beef »

« Comte de rosbif (en français dans le texte, ndla) » ou « apprenti gersois ». Turlough Martin a ses expressions favorites pour se dénommer lui-même. C’est sa façon à lui de se présenter au visiteur du château de Combis. Propriétaire du lieu depuis l’été 2014, cet « Irlandais de Londres » – encore une expression… – joue à fond la carte de l’assimilation. Il s’évertue à parler la langue de Voltaire pour mieux se rapprocher et faire ami avec les artisans et autres voisins des environs de sa bâtisse bourgeoise.

Il faut dire que Turlough ne manque pas d’ambitions. Lui, qui se présente comme l’antithèse du « snob anglais », entend faire de Combis un haut-lieu de la gastronomie. Non pas sous la forme d’un restaurant, mais en proposant des stages de cuisine « haute gamme avec des produits locaux » à l’attention des anglophones.

« Cri du cœur »

Cette idée nouvelle, il l’a eue en mars 2014 après une visite sur Condom. « J’étais chez des amis anglais et j’ai eu un cri du cœur pour le Gers ! » Ni une ni deux, cet épicurien revendiqué en glisse un mot à son associé : « Pourquoi ne pas créer un business dans l’apprentissage de la cuisine ? J’étais certain de ce marché, de cette opportunité. »

En terme d’affaires, l’homme a de la bouteille. Ce diplômé en politique, philosophie et économie d’Oxford – « comme David Cameron, mais je n’ai jamais fait de politique ! » – a tout de l’entrepreneur dans l’âme, doublé de l’aventurier baroudant aux quatre coins du globe. Un jour à Londres pour travailler et récolter des « royalties », un autre à crapahuter sur les sentiers sud-américain ou à plonger dans les mers chaudes d’Indonésie, à la recherche des épaves de la Royal Navy.

À présent, il ne jure plus que pour la campagne. Fini le down town et sa vie trépidante. Place aux fourneaux avec son « chef », Sam Salway. « Alors que je déjeunais au château de Barbet (à Lombez, ndla), j’ai demandé à rencontrer le cuisinier pour le féliciter. » Quelle ne fut pas sa surprise de croiser un compatriote ! « Le courant est passé et je l’ai recruté ! » Une toque anglaise à Combis. Voilà une expression qu’il peut aussi revendiquer…

www.chateaudecombis.com